« Vendredi, Donald Trump tape du pied à propos de la taxe sur les services numériques (TSN). Samedi, Ottawa bombe (un peu) le torse, pour mieux plier le genou le lendemain en annonçant l’abandon de cette dernière. À plusieurs égards, c’est très grave ! Au premier chef, il est légitime de craindre pour la souveraineté canadienne face aux visées des milliardaires trumpistes. Mark Carney semble s’en faire le valet », déplore François Enault, premier vice-président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN).
La présidente de la Fédération nationale des communications et de la culture FNCC–CSN), Annick Charette, est aussi extrêmement préoccupée. « Cette taxe était demandée depuis longtemps par la FNCC et la CSN. Nos médias et notre culture doivent avoir les moyens de survivre dans cet énorme océan numérique dominé par les géants numériques que sont Amazon, Google et Meta. Cette taxe était un moyen, sans être le seul, qui pouvait y contribuer. Il est aberrant de voir que Mark Carney semble accorder bien peu de valeur à nos médias et notre culture, car dès qu’il vente un peu, il cède complètement sur cette question », s’indigne Mme Charette.
Cette dernière rappelle que le nouveau Premier ministre affirmait sur toutes les tribunes il y a peu de temps que le Canada ne deviendrait jamais le 51e État américain. « En agissant comme il le fait présentement, il asservit pourtant nos intérêts et nos politiques aux velléités américaines. Ça augure très, très mal pour la suite de toute négociation avec eux ! », continue Mme Charette.
Enault termine en rappelant les agissements d’Amazon ces derniers mois au Québec, qui a fermé tous ses entrepôts par fiel antisyndical, mettant environ 4500 personnes à pied. « À l’époque, Ottawa était scandalisé et affirmait vouloir punir Amazon. Mais en abandonnant la TSN, on offre un beau cadeau à Amazon Prime et à l’empire de Jeff Bezos ! C’est franchement révoltant », conclut le premier vice-président.